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cisme universel contre lequel il ne trouve d’asile que dans les bras de la grâce ». Et il ajoutait, rencontrant dans le manuscrit même le Pascal des romantiques que l’imagination de Chateaubriand avait suscité et qui allait suc céder pour un temps au Pascal des jansénistes et au Pascal des philosophes : « Pascal veut croire à Dieu, à une autre vie, et ne le pouvant pas avec sa mauvaise philosophie, faute d’en posséder une meilleure et d’avoir suffisamment étudié et compris Descartes, il rejette toute philosophie, renonce à la raison et s’adresse à la religion. Mais sa religion n’est pas le christianisme des Arnauld et des Male branche, des Fénelon et des Bossuet, fruit solide et doux de l’alliance de la raison et du cœur dans une âme bien faite et sagement cultivée : c’est un fruit amer, éclos dans la région désolée du doute, sous le souffle aride du désespoir. Une telle apologie du christianisme eût été un mo nument tout particulier, qui aurait eu pour vestibule le scepticisme, et pour sanctuaire une foi sombre et mal sûre d’elle-même. Un pareil monument eût peut-être convenu à un siècle malade tel que le nôtre ; il eût pu attirer et recevoir René et Byron convertis, des hommes longtemps en proie aux horreurs du doute et voulant s’en délivrer à tout prix. »

Enfin avec l’édition Faugère (1844) le texte de Pascal arrive au terme de ses vicissitudes, ou peu s’en faut. Depuis que les Copies avaient été faites, au lendemain de la mort de Pascal, Prosper Faugère était le premier qui abordait véritablement le manuscrit autographe. Cousin lui-même ne parait guère s’être aventuré hors des Copies : il avait négligé le mystère de Jésus qui n’était pas dans les Copies ; il était réservé à la patience et au zèle de Faugère de le mettre au jour pour accroître encore l’ad miration des admirateurs de Pascal. Faugère publiait