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lui-même, au plan qu’il se proposait de suivre et dont ses amis nous avaient conservé les grandes lignes, de réaliser ce qui avait été, on s’en souvient, le second projet de Port-Royal et de restaurer l’Apologie de la religion.

En 1835 paraissaient à Dijon les Pensées de M. Pascal rétablies suivant le plan de leur auteur, publiées par l’auteur des Annales du moyen âge. L’auteur en était Frantin. Il avait comparé avec soin les textes déjà imprimés, Port-Royal, Condorcet et Bossut, dont il publie les variantes ; mais il ne se rallie à aucune de ces trois éditions ; il souligne la « fausse timidité » des éditeurs de Port-Royal, il attaque le « philosophisme du dix-huitième » et l’édition « apocryphe » de Condorcet ; il regrette enfin que Bossut ait suivi Condorcet dans le « double plan de pensées philosophiques et de pensées religieuses… ». « Toutefois, ajoute Frantin dans son Discours préliminaire, le plan véritable était si simple, si aisé à découvrir, qu’il faut s’étonner que le travail même de cet éditeur ne lui ait point fait reconnaître la fausse route où il s’égarait. Pour retrouver la clé du livre de Pascal, il n’y avait donc qu’une voie sûre, c’était de chercher la liaison par laquelle les pensées philosophiques tenaient aux pensées religieuses. Car, en rétablissant le point de jonction des unes et des autres, on découvrait avec admiration l’alliance réelle de la religion et de la philosophie, de Dieu et de l’homme qui est à vrai dire toute la théologie, et qui était tout le livre de Pascal. »

La méthode de Frantin est déjà celle que suivront presque tous ceux qui ont essayé de restituer l’ouvrage de Pascal : il met à part tout ce qui, de son point de vue personnel, ne lui paraît pas essentiel à une apologie du christianisme, il en fait une seconde partie qu’il intitule Doctrine et morale chrétienne, il y réunit les fragments