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Frantin ; mais en 1852, au moment où il semble abandonné, Havet le reprend et lui donne une nouvelle autorité.

Pourtant par son caractère l’édition de Bossut semblait faite pour offrir une base plutôt que pour mettre un terme au travail des éditeurs. En brisant l’unité du recueil des Pensées, pour en faire comme deux volumes, l’un profane et l’autre sacré, elle défigurait aux yeux des familiers de Pascal l’aspect général et comme l’allure du livre qu’ils aimaient. Aussi s’explique-t-on la tentative de l’abbé André qui, au lendemain de la publication de Bossut, et chez l’éditeur même de Bossut (Nyon, 1783) réimprime l’Ancien recueil des Pensées, c’est-à-dire l’édition de Port-Royal, en ajoutant sous forme de Supplément, et dans l’ordre où Bossut les avait donnés, tous les fragments qui avaient été mis au jour de 1670 à 1779[1]. Mais ce n’était encore qu’une demi-mesure : déjà au xviie siècle dom Robert Desgabets, connu pour son attachement à l’interprétation cartésienne de l’Eucharistie, avait projeté un Traité de la Religion chrétienne selon les Pensées de M. Pascal dont M. Lemaire a signalé une ébauche dans les manuscrits d’Épinal[2]. Voici que Condorcet et Bossut ont interrompu la prescription qui semblait acquise aux premiers éditeurs ; il était donc permis de revenir à Pascal

  1. L’abbé André complète son travail par un Parallèle des éditions, et par une table analytique des matières. Signalons, en dehors de quelques notes, le curieux arrangement donné aux premiers fragments de l’article III, seconde partie, qui sont pour Bossut l’introduction au Pari : l’abbé André en fait un dialogue entre Pascal et le mécréant, ce qui lui permet de substituer au titre de Bossut (Qu’il est difficile de démontrer l’existence de Dieu par les lumières naturelles ; mais que le plus sûr est de la croire) celui-ci qui lui paraît plus orthodoxe : Quand il serait difficile de démontrer, etc., le plus sur est de la croire
  2. Cf. Dom Robert Desgabets, Paris, 1902, p. 13 et p. 273.