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dans la dernière note : « Si mes lettres sont condamnées à Rome, avait écrit Pascal, ce que j’y condamne est condamné dans le ciel. » Et l’édition de 1778 ajoute : « Hélas ! le ciel, composé d’étoiles et de planètes dont notre globe est une partie imperceptible, ne s’est jamais mêlé des querelles d’Arnauld avec la Sorbonne et de Jansénius avec Molina. »

La double autorité de Condorcet et de Voltaire sem lait devoir consacrer l’édition philosophique que le xviiie siècle dressait en face de l’édition janséniste. Mais en 1779 paraissait à Paris[1] la première édition complète des œuvres de Pascal, et elle prenait immédiatement pour les contemporains le rang d’édition définitive. L’auteur était l’abbé Bossut, un savant qui a été l’historien des mathématiques et qui devait entrer à l’Académie des sciences. Comme on le voit par son Avertissement, son souci était beaucoup moins de réimprimer les Provinciales et les Pensées que d’arracher à l’oubli celles des œuvres scientifiques qui avaient survécu à l’indifférence de Pascal et à l’effet du temps, mais qui étaient ou demeurées manuscrites ou devenues extrêmement rares. Aussi aborde-t-il la publication des Pensées dans d’excellentes dispositions d’esprit : géomètre et chrétien, il n’avait ni système, ni parti pris ; il ne se préoccupait que de faire complet. Il eut communication des copies manuscrites que Jean Guerrier avait faites des papiers de Pascal ; il s’aperçut combien l’édition de 1670 était incomplète, combien les additions de Desmolets étaient insuffisantes ;

  1. Sur le conseil de Malesherbes, qui était alors garde des sceaux, on ne demanda pas de privilège et l’on remplaça le nom du libraire : Nyon à Paris, par une indication imaginaire qui en situait l’impression à l’étranger : Détune à la Haye.