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[L’éternité des choses en elle-même ou en Dieu doit encore étonner notre petite durée. L’immobilité fixe et constante de la nature, comparaison au chan gement continuel qui se passe en nous, doit faire le même effet.]

1 Et ce qui achève notre impuissance à connaître les choses, est qu’elles sont simples en elles-mêmes et que nous sommes composés de deux 2 natures opposées et de divers genre, d’âme et de corps. Car il est impossible que la partie qui raisonne en nous soit autre que spirituelle ; et quand on 3 prétendrait que nous serions simplement corporels, cela nous exclurait bien davantage de la connaissance des choses, n’y ayant rien de si inconcevable que de dire que la matière se * connaît soi-même B : il ne nous est pas possible de connaître comment elle se connaîtrait.

Et ainsi 6 si nous [sommes] simplement matériels,


1. Voici une autre rédaction de ce passage : « Et ce qui achève notre impuissance [est la simplicité des choses comparée avec notre état double et composé. Il y a des absurdités invincibles à combattre ce point, car ii est aussi absurde qu’impie de nier que l’homme est composé de deux par ties de différente nature, d’âme et de corps. Cela nous rend impuissants à connaître toutes choses. Que si on nie cette composition et qu’on prétende que nous sommes tout corporels, je laisse à juger combien la matière est incapable de connaître la matière et ce que peut de la boue pour con naître. [Rien n’est plus impossible que cela. Concevons donc que ce mé lange d’esprit et de matière [boue nous disproportionne [et ainsi un être tout matériel ne pourrait se connaître.]

2. [C/ioses.]

3. [Voudrait.]

4Se surcharge.

5. [N’étant.]

6. [Soit que] nous soyons : Pascal en barrant soit que avait laissé le subjonctif nous soyons.

PENSÉES DE PASCAL. 1—26