Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/402

Cette page n’a pas encore été corrigée

ce qu’il est au prix de ce qui est 1, qu’il se regarde comme égaré dans ce canton 2 détourné de la nature 3 ; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j’en tends l’univers 4, il apprenne à estimer 5 la terre, les royaumes, les villes 6 et soi-même son juste prix. Qu’est-ce qu’un homme dans 7 l’infini ?

Mais pour lui 8 présenter un autre prodige aussi étonnant, qu’il recherche dans ce qu’il connaît les choses les plus 9 délicates 10. Qu’un ciron 11 lui offre


i. « Yeoyons si nous avons quelque peu plus de clarté en la cognois sance des choses humaines et naturelles. » Mont., Àpoi.

2. Canton avait originellement dans la langue française le sens de coin.

3. [Dans l’immense étendue des choses, et qu’il s’étonne de ce que dans ce petit cachot où il se trouve logé [s’étonne que l’univers admiré [aperçu de ce cachot où il se trouve logé [et logé dans ce petit cachot qui ne lui découvre la vue que de l’univers qui lui paraissait d’une grandeur si éton nante, lui qui [au lieu que lui qui n’est qu’un point [atome insensible dans l’immensité visible des choses. Par là il apprendra.] — Pascal s’est sou venu de Montaigne : « Tu ne veois que l’ordre et la police de ce petit caveau où tu es logé… cette pièce n’est rien au prix du tout. » (Apol.)

4. J’entends l’univers, en surcharge. — Cf. Saint-Cyran (Lettres spiri~ tuelles, lx) : « Qu’est-ce que toute la terre avec tout ce qu’elle con tient, selon tous les mathématiciens, qu’un point, et qu’est-elle selon l’Ecriture, qu’une prison ? »

5. [L’univers qu’il découvre [la terre entière [le ciel.] G. [Les maisons.]

7. [La nature.]

S. [Faire.]

9. [Imperceptibles.] 10. M. Hatzfeld a signalé une imitation de ce passage par Bossuet dans le Traité du libre arbitre : « Gomme la grandeur peut être conçue s’augmenter jusqu’à l’infini sans détruire la raison du corps, il faut juger de même de la petitesse. » (Cf. Hatzfeld, Pascal, Paris 1901). Pascal est également imité de très près par Fénelon, Traité de l’exis tence de Dieu, i rc partie, ch. 11 subjine, et par La Bruyère, des Esprits jorts.

il. Le ciron est un insecte qui passait pour le plus petit des ani maux visihles à l’œil nu et qui était ainsi devenu, avant l’invention