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mènent les connaissances naturelles. Si celles-là ne sont véritables, il n’y a point de vérité dans l’homme ; et si elles le sont 1, il y trouve un grand sujet d’humi liation, forcé à s’abaisser d’une ou d’autre manière. Et, puisqu’il ne peut subsister sans les croire, je souhaite, avant que 2 d’entrer dans de plus grandes recherches de la nature, qu’il la considère une fois sérieusement et à loisir, qu’il se regarde aussi soi-


Mlle de Gournay, surtout par ce passage du chapitre i, 25 (De l’Insti tution des enfants : « Qui se présente comme dans un tableau cette grande image de nostre mère nature en son entière raaiesté ; qui lit en son visage une si générale et constante variété ; qui se remarque là dedans, et non soy, mais tout un royaume, comme un traict d’une poincte tres-delicate, celuy là seul estime les choses selon leur iuste grandeur. Ce grand monde, que les uns multiplient encores, comme espèces soubs un genre, c’est le mirouer où il nous fault regarder pour nous cognoistre de bon biais. » Mais à ces pensées de Montaigne déjà imitées par Charron (Sagesse, II, n, 7) se suspendent tout de suite, pour le mathématicien qu’est Pascal, les réflexions de l’esprit géométrique sur l’infîniment grand et sur l’infiniment petit, avec les étonnements où elles jetaient Méré et qui scandalisaient Pascal. C’est sur un fond de démonstration géométrique que s’enflamment l’imagination et la passion de Pascal.

4. Dans l’édition de Port-Royal, le passage barré que nous repro duisons ci-dessus entre crochets est remplacé par les lignes suivantes : « La première chose qui s’offre à l’homme quand il se regarde, c’est son corps, c’est-à-dire une certaine portion de matière qui lui est propre. Mais, pour comprendre ce qu’elle est, il faut qu’il la compare avec tout ce qui est au-dessus de lui et tout ce qui est au dessous, afin de reconnaître ses justes bornes. Qu’il ne s’arrête donc pas à regarder simplement les objets qui l’environnent. Qu’il contemple », etc.

1. [L’homme.]

2. [De passer outre et.] — Pascal se propose d’arrêter le savant dogmatique en tirant argument de cette science même par laquelle l’homme prétend faire la conquête et pénétrer les secrets de la nature. Ou cette science est fausse, et l’homme est incapable de vérité ; ou elle est vraie, et elle écrase l’homme sous la double infinité de la nature.