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plaît seule 1. Quand en voyant un homme on se souvient de son livre, c’est mauvais signe ; je voudrais qu’on ne s’aperçût d’aucune qualité que par la rencontre et l’occasion d’en user — Ne quid nimis — de peur qu’une qualité ne l’emporte, et ne fasse baptiser ; qu’on ne songe point qu’il parle bien, sinon quand il s’agit de bien parler ; mais qu’on y songe alors 2.

11] 36

L’homme est plein de besoins : il n’aime que ceux qui peuvent les remplir tous. C’est un bon mathématicien, dira-t-on 3. — Mais je n’ai que faire de mathématiques : il me prendrait pour une proposition. — C’est un bon guerrier. — Il me prendrait pour une place assiégée. Il faut donc un honnête homme qui puisse s’accommoder à tous mes besoins généralement.


1. Mont., II, xvii : « Mais les belles âmes, ce sont les aines univer selles, ouvertes, et justes à tout ; sinon instruites, au moins instrui sables. »

a. À rapprocher ce jugement de Méré : « C’est être savant que d’avoir beaucoup de lecture… Mais de dire des bonnes choses sur tout ce qui se présente et de les dire agréablement…, l’esprit ne peut aller plus loin, et c’est le cbef-d’œuvre de l’intelligence. » Discours de la conversation, Œuvres, page 77.

36

Cf. B., 354 ; G., 3o 9 ; Bos., I, 11, 18 ; Facg., I, i 9 5 ; Hav., VI, i5 bis] Mol., I, n4 ; Migh., 21.

3. Dans le Discours de l’Esprit, Méré blâme les princes « de ce qu’au lieu de s’adresser à quelqu’un qui connût en tout le bien et le mal, ils ont recours aux meilleurs mathématiciens, qui ne les sauraient entretenir que de figures et de nombres (p. 59). »