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C’est donc une fausse louange qu’on donne à un homme quand on dit de lui, lorsqu’il entre, qu’il est fort habile en poésie ; et c’est une mauvaise marque quand on n’a pas recours à un homme quand il s’agit déjuger de quelques vers 1.

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Il faut qu’on n’en puisse [dire]*, ni : il est mathématicien, ni prédicateur, ni éloquent, mais il est honnête homme 3 ; cette qualité universelle me


I. « M. Collet a justement rapproché ces fragments de divers pas sages du chevalier de Méré : « La guerre est le plus beau métier du monde, il en faut demeurer d’accord ; mais, à le bien prendre, un honnête homme n’a point de métier. Quoiqu’il sache parfaitement une chose, et que même il soit obligé d’y passer sa vie, il me semble que sa manière d’agir ni son entretien ne le font point remarquer » (tome I, p. 190). Et ailleurs (tome II, p. 80) : « C’est un malheur aux honnêtes gens d’être pris à leur mine pour des gens de métier, et quand on a cette disgrâce, il s’en faut défaire à quelque prix que ce soit. » Le fond de ces idées se trouve déjà dans Montaigne, particu lièrement au chapitre de l’institution des Enfants (1, 25) : « Or nous qui cherchons icy, au rebours, de former, non un grammairien ou logicien, mais un gentilhomme », etc.. Et ailleurs : « Les païsans simples sont honnestes gents, et honnestes gents les philosophes. » (I, 54) Note de Havet. — Cf. liv. III, ch. ix : « On dit bien vray, qu’un honneste homme, c’est un homme meslé. » Meslé, pour Mon taigne, veut dire qui sait se mêler à tous les mondes, par opposition aux courtisans qui ne savent parler « qu’aux hommes de leur sorte et des choses de la cour ».

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Cf. B., 36 7 ; C, 3a3 ; Faug., I, a58 ; Hat., VI, i5 ter ; Mol., T, 119 ; Micu., 744.

2. Le mot n’est pas dans la rédaction écrite sous la dictée de Pascal.

3. « Ce n’est donc pas un métier que d’être honnête homme. » (Méré, Discours de la vraie Honnêteté, p. 3.)