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Il y a un certain modèle d’agrément et de beauté qui consiste en un certain rapport entre notre nature, faible ou forte, telle qu’elle est, et la chose qui nous plaît.

Tout ce qui est formé sur ce modèle nous agrée : soit maison, chanson, discours, vers, prose, femme, oiseaux, rivières, arbres, chambres, habits, etc. Tout ce qui n’est point fait sur ce modèle déplaît à ceux qui ont le goût bon 1.

Et, comme il y a un rapport parfait entre une chanson et une maison qui sont faites sur ce bon modèle, parce qu’elles ressemblent à ce modèle unique quoique chacune selon son genre, il y a de même un rapport parfait entre les choses faites sur le mauvais modèle. Ce n’est pas que le mauvais modèle soit unique, car il y en a une infinité 2 ; mais chaque mau vais sonnet, par exemple, sur quelque faux moùèie


beautés d’éclat en fait de paroles sont pour l’ordinaire de fausses beautés qui n’ont que la première vue. » (OEuv. Poslh., II, 2).

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Cf. B., 343 ; C, 396 ; P. R., XXXI, 3i ; Bos., I, 1, a4 ; Faug., I, a55 ; Hav., VII, a4 ; Mol., II, i3a ; Mich., 3a8.

1. M. Collet a signalé ce passage de Méré dans ses Conversations avec le maréchal de Clérambault. « Il serait à désirer de faire en sorte qu’il eût le goût bon, car si je me veux expliquer, il faut bien que je me serve de ce mot dont tant de gens abusent. » Ailleurs Méré assi mile le bon goût à ce que Pascal appelle le sentiment : « Le bon goût se fonde toujours sur des raisons très solides, mais le plus souvent 6ans raisonner. » (I, 85.)

a. Cf. fr. £08 : « L e, na l es t aisé, il y en a une infinité. »

PKNSÉES DE PASCAL. 1 — 23