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Éloquence. — Il faut de l’agréable et du réel ; mais il faut que cet agréable soit 1 lui-même pris du vrai 2.

142] 26

L’éloquence est une peinture de la pensée 3 ; et ainsi, ceux qui, après avoir peint, ajoutent encore, font un tableau au lieu d’un portrait 4.


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G f. B., 370 ; C, 337 ; P. R., XXXI, 34 ; Bos., I, x, 27 ; Faug., I, 2^7 ; Hat., VIT, 27 ; Mol., II, i32 ; Mich., 636.

1. [Aussi réel.]

2. C’est encore ce qu’explique Pascal dans Y Art de persuader. Il y a deux portes par où pénètrent « les qualités des choses que nous devons persuader », l’entendement qui aperçoit les conséquences nécessaires, la volonté qui se porte vers les objets de notre satisfac tion. Or « celles qui ont cette liaison tout ensemble, et avec les vérités avouées, et avec les désirs du cœur, sont si sûres de leur effet, qu’il n’y a rien qui le soit davantage dans la nature ». Cf. Méré : « La vérité quand elle parle est toujours éloquente. » (De l’Esprit, p. 64. — Fontenelle dira l’inverse et il définit ainsi la manière : « Selon moi, il n’y a pas jusqu’aux vérités à qui l’agrément ne soit nécessaire » (Entretiens sur la pluralité des mondes premier soir).

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Cf. B., 3/»2 ; C, 295 ; Bos., sappl, 27 ; Faug., I, 2/J7 ; Hat., XXIV, 87 bis] Mol., II, i32 ; Mich., 353.

3. « Cette peinture estconduicte, non tant par dextérité de la main,, comme pour avoir l’obiect plus visvement empreinct en l’ame. Gallusl parle simplement, parce qu’il conceoit simplement. » (Mont. III, 5.)

4. Havet a rapproché de ce fragment un passage du Discour» de la Conversation de Méré : « On compare souvent l’éloquence à la peinture ; et je crois que la plupart des choses qui se disent dans le monde sont comme autant de petits portraits, qu’on regarde à part et sans rapport, et qui n’ont rien à se demander. On n’a pas le temps de faire de ces grands tableaux où la principale beauté se montre en