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imitez leurs actions extérieures, si vous ne pouvez encore entrer dans leurs dispositions intérieures ; quittez ces vains amusements qui vous occupent tout entiers, » lorsque Pascal avait écrit : « Suivez la manière par où ils ont commencé : c’est en faisant tout comme s’ils croyaient, en prenant de l’eau bénite, en faisant dire des messes, etc. Naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira. — Mais c’est ce que je crains. — Et pourquoi ? qu’avez vous à perdre ? » De plus, l’éditeur insère en tête du chapitre vii : Qu’il est plus avantageux de croire que de ne pas croire ce qu’enseigne la religion chrétienne, un Avis qui prévient toute mauvaise interprétation et qui d’ailleurs implique une intelligence très pénétrante du Pari[1].

Enfin et surtout, ce qui achève de donner sa physionomie à l’édition de Port-Royal, c’est la disposition des matières. Délibérément, après un commencement d’expérience qui leur parut décisif (et que confirme avec une autorité singulière l’histoire de tous les essais de restitutions tentés au xixe siècle), les amis de Pascal ont fait le sacrifice de Tordre qu’il rêvait, de la logique nouvelle qu’il voulait y appliquer, et qui était à ses yeux aussi assurée de persuader des vérités morales que la géométrie de démontrer les propositions de son ressort. Mais au moins ont-ils tiré parti de ce sacrifice pour donner aux Pensées un caractère d’onction sereine qui devait lui concilier les lecteurs du xviie siècle.

Rien de plus méritoire à ce point de vue que l’édition de Port-Royal, rien de plus « réussi ». Nous sommes tout de suite transportés en plein cœur de la religion : l’exhortation aux Athées, destinée à secouer leur indiffé-

  1. Cf. l’Appendice au fr. 233.