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LE COMITÉ D’EXAMEN

que l’abbé de Saint-Pierre nous rapporte ce trait : « Je fus surpris un jour de lui voir préférer l’esprit de M. de Tréville à celui de M. Pascal[1] » ? — Gobaud du Bois sera de l’Académie française. — Filleau de la Chaise assistait, avec le duc de Roannez dont il était l’ami, à la conférence où Pascal exposa le plan de son Apologie, il s’est chargé de compléter le travail de M. de Roannez par un discours sur les Pensées de Pascal qui devait accompagner la première édition.

Ainsi composé, le comité devait accueillir avec faveur le projet qui lui était soumis, de donner aux Pensées de Pascal la forme d’un ouvrage achevé. Arnauld et Nicole ne faisaient pas d’objection ; mais ils tenaient à l’assentiment de M. et Mme Périer. Nous lisons la réponse de Gilberte Périer à travers les lettres du comte de Brienne, qui nous ont été conservées (c’était un intermédiaire assez fâcheux, que des écarts de conduite et de langage devaient vite empêcher de prendre au sérieux, mais il apportait alors à Port-Royal l’appui et l’autorité du nom qu’il portait, des grandes charges qu’il avait occupées dans l’État[2]). Visiblement, pour Gilberte Périer, les fragments écrits par Pascal sont comme les reliques d’un saint, auxquelles il est sacrilège de toucher. Elle s’étonne qu’on ait songé à refaire les Pensées ; elle se plaint du long commentaire où elle ne reconnaît plus l’œuvre de son frère ; dans la préface, qui fut écrite par Étienne Périer sous son inspiration, et à l’insu du duc de Roannez et de Filleau de la Chaise, l’impression est traduite avec plus de vivacité encore[3]. Malgré l’insistance de Brienne, la volonté de Mme Pé-

  1. Sainte-Beuve, Port-Royal, 5e édit., t. III, p. 384.
  2. Ibid., t. V, p. 18 sqq. Vide infra, p. LXLV, sqq.
  3. Cf. Pièces justificatives, p. CXCI.