Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/238

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lières de sa naissance, de sa vie et de sa mort, qu’ils ne sont pas moins ses historiens que les évangélistes ; et que seul entre les hommes il a l’avantage que son histoire n’ayant été écrite après sa mort que par ses disciples, elle se trouve faite et répandue dans le monde plusieurs siècles avant qu’il v vint, afin qu’il n’en restât pas le moindre soupçon. Qui a aussi dicté à Moïse ce qu’il dit aux Juifs en les quittant, de leurs aventures et de leurs infidélités, de la captivité de Babylone et de leur retour, du dernier siège de Jérusalem où ils se verraient réduits à manger leurs propres enfants, et de leur dispersion qui arriverait quand le temps serait venu et que le pied leur aurait glissé, mais dans laquelle Dieu les ferait toujours subsister, de peur que leurs ennemis ne vinssent à le méconnaître et à s’attribuer leur ruine ? Enfin, cette foule d’hommes qui se succèdent pendant deux mille ans les uns aux autres, pour avertir le peuple juif que la venue de celui qu’ils attendent approche : qui leur marquent précisé ment quel sera alors l’état du monde ; qui leur prédisent qu’ils le feront mourir au lieu de le recevoir et que pour cela ils tomberont dans des malheurs sans ressource ; qui leur déclarent que les Gentils, à qui il a été promis aussi bien qu’à eux, le recevront à leur défaut ; qui ont dit si assurément que de tous les endroits de la terre, les peuples viendraient se soumettre à sa loi, et qui dans tout cela n’ont rien dit qui ne soit ponctuellement arrivé ; où l’ont-ils pris, et comment l’ont-ils pu prévoir ?

Si ce qui a été dit jusqu’ici peut donner quelque regret de la mort de M. Pascal, combien doit-il redoubler eu cet endroit et surtout pour ses amis, qui sachant seuls à quel point il entendait les prophéties, comment il en savait faire voir le sens et la suite et avec quelle facilité il les rendait intelligibles et les mettait dans tout leur jour et toute leur force, savent seuls aussi ce qu’on a perdu en le perdant I Je sais bien que ces lambeaux détachés, qu’on en trouvera dans le recueil de ses pensées, ne donneront qu’une idée imparfaite du corps qu’il en aurait fait, et que peu de gens me croiront. Mais enfin ceux qui le savent doivent ce témoignage à la vérité et à sa mémoire. Je dirai donc hardiment que ceux qui l’écoulaient si attentivement dans l’occasion que j’ai dite, furent comme transportés quand il vint à ce qu’il avait recueilli des