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LES COPIES MANUSCRITES

thèque Nationale, et qui porte la signature du Père Pierre Guerrier, neveu de Jean Guerrier, reproduit, avec quelques interversions de feuilles, les deux parties de la première copie[1].

Cette double disposition semble bien indiquer une tentative qui aurait été faite entre 1662 et 1669 pour publier les Pensées. On aurait disposé un certain nombre de fragments dans un ordre simple et rationnel ; on aurait laissé en dehors du classement ceux que l’on se proposait d’éliminer. Nous pouvons même conjecturer que ce recueil manuscrit a été soumis à l’examen du Comité qui travaillait à l’édition de Port-Royal : il porte à plusieurs reprises des additions et des corrections qui ne sont pas de la main du copiste ; (Faugère y a relevé l’écriture de Nicole). Or elles se retrouvent dans le livre imprimé, et il est assez peu vraisemblable que l’on ait songé après coup à modifier le texte d’une copie, que l’on savait fidèle, pour la mettre en harmonie avec l’édition de Port-Royal.

Tout ce que nous pouvons dire de cette copie, c’est qu’elle nous introduit d’emblée dans l’intimité du travail entrepris par les premiers éditeurs ; mais il semble bien qu’elle nous reporte à une phase intermédiaire de ce travail. Dans la première phase on se proposait de déchiffrer les papiers de Pascal et comme s’exprime Étienne Périer « de les faire imprimer tout de suite dans le même état où on les avait trouvés ». Or les résultats fournis par cette copie initiale furent décourageants, à ce point que « fort longtemps » on avait renoncé à la publication. Puis, quand on s’y décida, ce fut pour retomber dans de nouvelles hésitations. La famille de Pascal n’abandonnait point le premier

  1. Cf. ms. 12449 f. fr.