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méditait ; el c’est par le moyen d’un de ceux qui y furent présents qu’on a su depuis le peu que je viens d’en rap porter 1.

Parmi les fragments que l’on donne au public, on verra quelque chose de ce grand dessein : mais on y en verra bien peu ; et les choses mêmes que l’on y trouvera sont si impar faites, si peu étendues, et si peu digérées, qu’elles ne peuvent donner qu’une idée très grossière de la manière dont il se proposait de les traiter.

Au reste, il ne faut pas s’étonner si, dans le peu qu’on en donne, on n’a pas gardé son ordre et sa suite pour la distri bution des matières. Gomme on n’avait presque rien qui se suivît, il eût été inutile de s’attacher à cet ordre : et l’on s’est contenté de les disposer à peu près en la manière qu’on a jugé être plus propre et plus convenable à ce que l’on en avait. On espère même qu’il y aura peu de personnes qui, après avoir bien conçu une fois le dessein de l’auteur, ne sup pléent d’eux-mêmes au défaut de cet ordre, et qui, en con sidérant avec attention les diverses matières répandues dans ces fragments, ne jugent facilement où elles doivent être rap portées suivant l’idée de celui qui les avait écrites.

Si l’on avait seulement ce discours-là par écrit tout au long et en la manière qu’il fut prononcé, l’on aurait quelque sujet de se consoler de la perte de cet ouvrage, et l’on pourrait dire qu’on en aurait au moins un petit échantillon, quoique fort imparfait. Mais Dieu n’a pas permis qu’il nous ait laissé ni l’un ni l’autre ; car peu de temps après il tomba malade d’une maladie de langueur et de faiblesse qui dura les quatre der nières années de sa vie, et qui, quoiqu’elle parût fort peu au dehors, et qu’elle ne l’obligeât pas de garder le lit ni la chambre, ne laissait pas de l’incommoder beaucoup, et de le rendre presque incapable de s’appliquer à quoi que ce fût : de sorte que le plus grand soin et la principale occupation de ceux qui étaient auprès de lui était de le détourner d’écrire, et même de parler de tout ce qui demandait quelque conten-


i. Cf. le Discours sur les Pensées de M. Pascal, qui a été écrit anté rieurement à cette Préface, et qu’Étienne Périer n’a peut-être fait que résumer, infra, p. cxlix.