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la nature de l’homme et par le péché originel ; cela doit être admirable.

Je suis si content du pauvre Ferrand que je ne vous le puis assez dire. Il m’édifie tous les jours de plus en plus et toute cette maison, et me sert d’une manière qui ne me peut permettre sans ingratitude de n’avoir pour lui beaucoup d’affection ; c’est le meilleur garçon du monde.

Quand on a été autant de temps qu’il y a d’ici au a/j de juillet dont est datée votre dernière lettre sans y répondre, on peut s’en dispenser. Cependant, je l’ai encore sur ma table, et je la conserve chèrement comme tout ce qui me vient de vous. Je viens de la relire et il se trouve que j’y ai répondu sans le savoir, car vous ne me parliez que des admirables fragments de notre saint. Recommandez-moi s’il vous plaît à ses prières et me croyez tout à vous en noire S. J. C. Adieu ; et mille amitiés encore une fois à toute la chère la mille,

Deuxième lettre.

Ce 7 décembre 1668.

M. votre fils m’apporta hier votre lettre du 27e du mois passé ; nous la lûmes ensemble et pesâmes plus toutes vos raisons que vous n’auriez pu faire vous-même, quand vous y auriez été présente pour répondre à nos objections. Il est certain que vous avez quelque raison, madame, de ne vouloir pas qu’on change rien aux pensées de M. votre frère. Sa mémoire m’est dans une si grande vénération que, quand il n’y aurait que moi tout seul, je serais entièrement de votre avis, si M. de Roannez et ceux qui ont pris la peine de revoir ces fragments avaient prétendu substituer leurs pensées à la place de celles de notre saint, ou les changer de manière qu’on ne put pas dire sans mensonge ou sans équivoque qu’on les donne au public telles qu’on les a trouvées sur de méchants petits morceaux de papier après sa mort. Mais comme ce qu’on y a fait ne change en aucune façon le sens et les expressions de l’auteur, mais ne fait que les éclaircir et les embellir, et qu’il est certain que s’il vivait encore il souscrirait sans difficullé à tous ces petits embellissements et éclaircissements