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a ôtés. Demain nous achèverons ce travail, s’il plaît à Dieu. J’ai présentement de la tête et de la santé à revendre, grâce à vos prières et à celles de nos amis et amies à qui j’attribue ma guérison, car j’ai été trop mal et mes incommodités avaient duré trop longtemps pour que j’eusse osé espérer en être quitte si tôt, ce qui lait que je regarde ma guérison comme un petit miracle. Notre bon Dieu en soit béni, et qu’il me lasse la grâce s’il lui plaît, de mieux user de ma santé que je n’ai fait par le passé.

Je ne sais, madame, comment vous remercier de vos belles pommes ; vous moquez-vous de faire de tels présents ? Je ne sais ce qui me tient que je ne vous gronde au lieu de vous remercier. Car je suis encore trop glorieux pour pouvoir souffrir qu’on me donne, sans rendre un présent qui puisse égaler celui qu’on m’a fait, et par malheur je n’ai ni poires ni pommes à vous envoyer. Je ne me vante de rien, mais j’ai bien envie un de ces jours de vous faire aussi quelque trait à mon tour. Au moins ne refuserez-vous pas des livres de ma façon et de la nature de celui qui est présentement sous la presse, ni mes chères sœurs aussi que je vous supplie d’embrasser pour moi et de les assurer que je ne les oublierai jamais devant notre Seigneur. Comment va la tète de M. Domat ? Je le salue avec votre permission, comme aussi MM. vos fils et M. leur précepteur que j’aime à cause d’eux et de vous plus que je ne puis dire. Je voudrais que vous nous les envoyassiez tous : je vais établir un petit collège chez mon fils, et M. de Rebergue ne serait pas un de nos moindres maîtres, et vos deux enfants de nos moindres écoliers ; au moins ne m’en saurait-il venir qui me soient plus chers. Auriez-vous jamais espéré de me voir principal de collège ? Envoyez-nous au plus tôt les cahiers de M. Pascal qui vous restent, et qui nous manquent, et mandez-nous votre dernière volonté : nous l’exécuterons très ponctuellement. Quelle joie n’ai-je point de trouver une fois en ma vie une petite occasion de vous servir, en la personne du monde qui vous était la plus chère et qui était aussi la plus digne d’être aimée ! J’ai rendu le Montagne à M. votre fils ; quelles obligations ne vous ai-je point ?

Il nous manque diverses pensées sur les divers sens de l’Écriture, que la loi est figurative, etc., et encore les preuves de la véritable religion par les contrariétés qui se trouvent dans