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ces étonnantes paroles, par-dessus ce désaveu de la justice qui ne serait que juste, le désaveu de la vérité qui ne serait que vraie : « On se lait une idole de la vérité même ; car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole, qu’il ne faut point aimer, ni adorer… [1] » Pascal a écrit admirablement dans ses fragments contre les Jésuites : « On attaque la plus grande des vérités chrétiennes, qui est l’amour de la vérité[2]. » Mais l’amour de la vérité est à la fois stérile et sacrilège, s’il se limite à lui-même et s’érige en passion indépendante, s’il s’isole de « l’ordre de Dieu » qui est dans la lettre de la révélation, et dans le corps de l’Église.

l’église

Voici la clé de voûte du christianisme, tel que Pascal le conçoit : Dieu est une personne vivante, il est la seule personne à qui appartienne, d’une façon absolue, la causalité de la volonté. L’histoire de l’univers prend un sens ; par la diversité de ses aspects successifs, elle témoigne de la conduite que Dieu a résolu de suivre à l’égard de l’univers. En permettant de reconstituer le plan divin, elle éclaire aux yeux de Pascal les événements dont ses contemporains et lui sont non seulement les témoins mais les objets, et où se trouve engagée pour l’éternité la des tinée de chaque créature. Le miracle de la Sainte Epine est le dernier anneau, à nous connu, d’une chaîne tout entière forgée par Dieu, et qui fait à vrai dire toute la

  1. Fr. 582.
  2. Fr. 945.