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saint Augustin, de Jansénius[1]. Puisque les juifs qui récusent le Nouveau Testament au nom de l’Ancien interprètent eux aussi l’Écriture à l’aide des figures, il est nécessaire d’opposer un système à leur système ; Pascal, avec l’audace et la sincérité qui sont les marques de sa nature intellectuelle, va chercher la doctrine de ses adversaires dans la publication contemporaine qui la lui présente sous la forme la plus précise et la plus coordonnée, exactement comme il demande au père Martini de le renseigner sur les objections que l’histoire de Chine permet d’élever contre la chronologie judéo-chrétienne.

Mais quand il s’agit de la solution, ce n’est plus au Pugio Fidei qu’il l’emprunte, c’est à l’Écriture elle-même. Au témoignage de Mme Périer, « il s’y était si fortement appliqué, qu’il la savait toute par cœur ; de sorte qu’on ne pouvait la lui citer à faux ; car lorsqu’on lui disait une parole sur cela, il disait positivement : « Cela n’est pas de l’Écriture sainte, » ou « Gela en est ; » et alors il marquait précisément l’endroit. » Il lisait aussi les commentaires avec grand soin. Il avait rédigé d’après un traité de Jansénius, Séries Vitæ J.-C. juxta ordinem temporum un Abrégé de la vie de Jésus-Christ[2], pour concilier les discordances des Évangélistes. De même il se préoccupe de s’appliquer à rétablir la correspondance entre les deux Testaments. Les passages qu’il commente de préférence sont ceux où les Évangélistes et les Apôtres citent des textes de l’Ancien Testament, et on en trouve de curieux témoignages dans sa façon de citer. Les versets qu’il écrit de mémoire sont parfois comme une sorte de synthèse entre les différentes

  1. Cf. fr. 642 sqq.
  2. Cf. l’édition de l’Abrégé par Michaut (Fribourg, 1896) et la Revue critique du 24 mai 1897.