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destruction du temple de Jérusalem[1] ; n’en concluons pas que Pascal devait transporter dans l’Apologie une simple note faite pour la commodité de la lecture. — Quant aux textes transcrits du Pugio Fidei, un chapitre que Pascal résume entièrement rappelle l’interprétation que les rabbins ont donnée de certains passages de l’Ancien Testament, où se retrouverait « la tradition ample du péché originel selon les Juifs[2] » ; l’autre série, la plus nombreuse et la plus importante[3], vise les prophéties sur le Messie. Or, lorsque Pascal demande à Raymond Martin de lui fournir avec précision les thèses du Talmud, et de lui permettre ainsi d’argumenter contre les rabbins qui nient la divinité de Jésus-Christ, faut-il dire que les suggestions venues du Pugio Fidei lui font oublier les préoccupations de ses contemporains et de ses amis ? ou au contraire n’est-ce pas dans un esprit rigoureusement janséniste qu’il met à profit la science hébraïque de Raymond Martin ? Ç’a été le caractère propre de Jansénius de cher cher à restaurer contre la scolastique le christianisme dans sa vérité originelle. Le problème religieux est pour lui un problème historique. Il est tout entier dans l’autorité du Nouveau Testament, lequel n’a de sens qu’à la condition d’être l’interprétation authentique de l’Ancien. L’Histoire de la Bible que Fontaine rédigea pour Le Maître de Saci et qui fut célèbre au xviie siècle sous le nom de Bible de Royaumont, est d’un bout à l’autre présentée comme un système de figuratifs : l’Ancien Testament est fait de 183 figures ; et le Nouveau de 84. Le caractère figuratif de la loi juive est une doctrine fondamentale de saint Paul, de

  1. Fr. 635.
  2. Fr. 446.
  3. Fr. 642, 687, 726, 760, etc.