poir, le crime ; dans le corps, les maladies et la mort. Même considéré chez les païens, l’état de pure nature est le plus triste de tous, puisqu’il ne laisse place ni au sou venir ni à l’espérance, puisque rien n’y peut atténuer la déplorable facilité qu’a l’homme de pécher. « Tu nous as faits pour toi, dit saint Augustin dans les Confessions, et notre cœur est dans l’inquiétude jusqu’à ce qu’il se re pose en toi. » Mais ce n’est pas tout : non seulement, à la suite du péché, la concupiscence a occupé l’homme tout entier, destitué du secours de la grâce ; mais encore la loi a été promulguée, loi qui a défendu la concupiscence et qui a menacé des peines éternelles. Seulement qu’a fait cette défense, sinon d’irriter en nous cette concupiscence ? « La loi fait non la mort, mais la force du péché » ; elle en atténue à peine les effets par la terreur de Dieu, qui est une nouvelle forme de concupiscence et de misère. La punition du péché, c’est d’errer et de pécher encore, par une sorte de fatalité intime. La grâce divine est le seul lien qui unisse l’intelligence à la vérité, la volonté à la charité. Sans elle tout est dépravé en l’homme, tout est voué à la triple concupiscence dont a parlé saint Jean : concupiscence des sens, concupiscence du savoir, concupiscence de l’ambition. Or, comme l’a dit saint Augustin, le propre de la concupiscence, c’est de nous rattacher à un bien qui peut nous échapper malgré nous, qui est in capable par conséquent de nous satisfaire, qui ne peut pas ne pas être une cause de malheur. La concupiscence est à la fois le péché et la misère, et voilà le fruit de la loi. La loi fait des méchants et des coupables ; elle est simple ment venue avant le médecin pour révéler au malade son état qu’il ignorait ; elle est comme un pédagogue qui mène à la grâce par la terreur.
3° La terreur ne saurait ni détruire la volonté de pécher,