monie et de liberté. Aussi on peut affirmer avec vérité de cet état de perfection primitive tout ce que les Pélagiens ont dit de notre humanité actuelle. La liberté de l’homme était alors quelque chose d’efficace et de positif. Non que cette liberté rendît inutile la grâce de Dieu : la grâce est un secours nécessaire, rien ne se fait sans elle ; mais il était vrai alors que l’homme n’agissait pas uniquement par elle, la grâce n’était qu’adjuvante et coopérante. C’est pourquoi l’homme a pu opposer à la tendance qui le poussait vers Dieu une autre tendance qui le dirigeait vers lui-même et vers les créatures ; maître de choisir entre lui et Dieu, il s’est choisi, il a opposé l’ingratitude à la grâce, il a fait le Dieu et il s’est perdu. Le péché s’est transmis, par voie naturelle d’hérédité et par voie légitime de solidarité, du premier homme à sa postérité ; il est devenu le péché d’origine, qui a pesé sur les générations successives.
2° Quelles ont été les conséquences du péché originel ? Tout d’abord Dieu s’est retiré de l’homme ; l’homme a été abandonné à ses propres forces. Mais que faut-il en tendre par là ? Faut-il admettre avec les Pélagiens que l’homme puisse être dans un état d’équilibre, indifférent au bien et au mal, accomplissant l’un ou l’autre suivant l’usage qu’il fait de sa liberté ? Selon Jansénius, l’état de pure nature est une chimère ; et voici comment il établit cette proposition fondamentale de sa doctrine : Il n’y a de véritable amour en l’homme et de véritable jouissance que l’amour et la jouissance de Dieu ; tout ce qui n’a pas Dieu pour principe et pour fin est dépravé et funeste ; point de milieu entre la misère et la béatitude ; donc, comme il n’y a point de béatitude sans Dieu, il ne peut y avoir sans Dieu que misère : dans l’âme, le désir avec Formée des passions, les regrets, les haines, les colères, le déses-