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souffrances par lesquelles il luy plaist de nous esprouver. Priez-le, s’il vous plaist, qu’il me fasse la grâce de me sanctifier dans cet estât qui est plus pénible que vous ne sçauriez le comprendre. Je suis, Monsieur, vostre très humble et très obéissante servante,

G. Pascal.

J’ay oublié de vous dire que M me Redon a esté et est encore assez mal : je crois qu’elle vous escrira et vous en dira toutes les circonstances.

Tous mes enfans vous saluent icy tres-humblement et nous vous souhaittons tous une bonne et une heureuse année.

Depuis ma lettre escritte, M me Redon est venue icy pour me dire qu’elle avoit fait dessein de vous envoyer des abricots, mais qu’elle n’en trouve plus, ils sont tous vendus, elle m’en a fait voir un eschantillon des plus beaux qu’elle a trouvé, mais il est visible qu’ils sont de l’année passée ; je ne luy ay point conseillé de les prendre parce qu’ils estoyent trop vilains ; elle est bien faschée de perdre l’occasion de M r Morin ; mais je n’ay pu me résoudre de luy conseiller de vous envoyer ceux-là ; elle envoira à Riom pour voir si elle en pourra avoir, mais je crois que la saison est trop avancée ; je suis tesmoing de sa bonne volonté et je vous prie de croire que je prens sur moy la générosité dont vous avez usé envers elle.

J’ay sceu que vous desiriez sçavoir le nom de l’herbe pour le polipe, elle s’apelle la petite morelle autrement solanum morelle, on en trouve quasy par tout où il y a des orties ; pour s’en servir, on prend cette herbe, on la pile, on en exprime le suc, on y trempe de petites teintes, ou le marc mesme bien trempé dans le suc, et on met cela dans le nez et on renouvelle cela de tems en tems comme de deux heures en deux heures ou environ.

(A Monsieur Monsieur Vallant docteur en médecine à Paris.)