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noistre que les Pères autrefois, et le Concile de Trente en ces derniers temps, ont eu une obligation pareille et pareillement indispensable d’opposer à ces sentimens impies celuy dont nous traittons, que les Commandemens ne sont pas impossibles, au sens de ces hérétiques ?

Aussi il n’y a personne qui juge de cette question avec sincérité qui ne reconnoisse une vérité si évidente ; et tous ceux qui en ont écrit avec froideur l’ont témoigné par leurs écrits, dont il seroit aisé de rapporter plusieurs passages. Mais je me contenteray de celuy-cy d’Estius qui montre tout ensemble et que les Anciens Pères n’ont refuté cette impossibilité qu’au sens des Manichéens, et pour se défendre des reproches des Pelagiens ; Et que le Concile de Trente ne la fait de mesme qu’au sens des Luthériens, ce qui est tout le sujet de ce point qui est déjà trop eclaircy et que je finiray par ces paroles[1] :

Or cette proposition que Dieu commande des choses impossibles aux hommes, estoit imputée avec

  1. Le manuscrit donne en note le texte d’Estius : Porro eamsententiam, qua diciiur impossibile aliquid a Deo homini prœceptum, Pelagiani Catholicisodiose impingebant, et Catholici studiosè à se repellebant, qubd ea ad hœresim Manichœorum pertineret, ponentium hominem, propter naturam malam ex qua compositus esset, non posse peccatum vitare. Hoc autem ita damnatum Catholicis, ut non tantum ex malo principio, cujusmodi re verâ nullum est, verhrn etiam ex corruptione naturœ factâ per Adam, negent homini simpliciter impossibile esse ut legem Dei impleat,quod quum naturœ et legi impossibile est, possibile facit, immô et prsestat gratia Dei per Christum. Hujus dogmatis dejinitionem, et claram interpretationem videre licet in Synodo Tridentinâ, sess. 6, cap. 11, et can. 18. Estius, lib. 3. distinct. 27. p. 6.