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Et il est misérablement extravagant, en ce qu’il veut que la nature du mal soit absolument incapable d’estre changée.

C’est ce qui fait dire à Pelage[1] :

Nous reconnaissons le libre arbitre, etc. et que ceux-là errent, qui tiennent avec Manichæus que l’homme n’a point de pouvoir de ne point pécher.

C’est ce qui fait que Julian appelle sans cesse Saint Augustin et les Catholiques du nom de Manichéens, comme il paroist dans les passages rapportez dans l’autre point.

Julian[2] :

Vous niez le Libre Arbitre avec Manichœus.

Et c’est pourquoy Saint Jerosme, ayant dit que les Commandemens sont impossibles sans la grâce, prévient l’objection ordinaire de ces hérétiques par ces paroles[3] :

Vous vous écrierez incontinent, et vous nous accuserez de suivre le dogme des Manichéens.

Il est donc hors de doute que tout ce que les Luthériens ont dit de la concupiscence estoit dit mille ans avant leur naissance, par ces anciens hérétiques, de cette mauvaise nature.

On ne peut donc plus contester que les Pères n’ayent esté forcez à ruiner ces horribles et impies sentimens : que le libre arbitre est anéanti ; que les Préceptes sont invinciblement impossibles ; que les

  1. Aug. Serm, 191 de Tempore ; cf. supra pp. 126 et 275.
  2. Aug. l. 1. Oper. imperf. n. 98 ; cf. supra p. 275.
  3. Hier, ad Ctesiph. ; cf. supra p. 127.