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possibilité absolue, et une nécessité inévitable qui forçoit les hommes à pécher.

On ne peut contester que les saints Pères qui ont establi que les Commandemens ne sont pas impossibles aux hommes, n’ayent esté obligez à le faire, en ce sens qu’il n’est pas impossible qu’on les observe ; au cas qu’il soit véritable qu’ils eussent des ennemis presens qui soustinssent le contraire, qui niassent le Libre arbitre, qui soustinssent que les hommes sont dans l’impossibilité absolue de les observer, et qu’il y eust une nécessité inévitable qui les forçast à pécher.

Or qui ne sçait que c’est un des chefs de l’erreur des Manichéens, et que la méchante nature qu’ils soustenoient ne fust telle qu’il n’y eust aucune puissance capable de vaincre sa malice, non pas mesme celle de Dieu ?

Ne sçait-on pas que saint Augustin a refuté ces erreurs, et qu’il en a remporté une victoire si glorieuse à l’Eglise ? Je ne m’arresteray donc pas à le prouver icy, puisqu’il ne faut que lire ce qu’il en a escrit contre eux : et je me contenteray d’en rapporter quelques passages pour ne laisser pas la chose sans preuve, quelque connue qu’elle soit d’elle-mesme.

Or Manichœus etc. dit que la nature qu’il dit estre mauvaise, ne peut, en aucune manière, estre guérie et renduë bonne[1].

  1. Aug. l. 1. Oper, imperf. n. 117 ; ibid. n. 99. Cf. supra p. 125.