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celles qui n’ont jamais paru, quand l’occasion s’en est offerte, mais encore de condamner les erreurs déjà étouffées, pour les empescher de renaistre un jour de nouveau.

Les Conciles en fournissent des exemples de toutes les sortes. On voidque celuy de Trente condamne cette opinion, Que les Justes ayent le pouvoir de persévérer sans la grâce, quoy que les Luthériens, qui estoient les seuls ennemis vivans qu’[il] attaquoit, fussent bien éloignez d’estre dans ce sentiment, qui est purement pelagien. Et cependant on ressent aujourd’huy l’effet d’une décision si peu nécessaire alors en apparence, et si utile maintenant en effet.

C’est ainsi que le Concile d’Orange condamne ceux qui oseroient dire que Dieu prédestine les hommes aux mauvaises actions, quoy qu’il tesmoimoigne par ses paroles qu’il ne sçait pas que jamais cette erreur ait esté avancée (Conc. Araus. 2, c. 25)…[1]

Et c’est ainsi que le Concile de Valence confirme la mesme condamnation, sans supposer de mesme qu’elle soit soutenue par qui que ce soit, mais pour empescher seulement que ce mal n’arrive (Conc. Valent., c. 3)[2]

C’est par un semblable zèle que les Saints Pères, imitant une prudence si nécessaire, ont refuté dans leurs Ecrits les erreurs qui n’estoient pas encore. Et

  1. Cf. supra p. 119 sq. ces textes de conciles. — Ici un blanc de six lignes environ au manuscrit.
  2. Ici une lacune au manuscrit.