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matisons les Luthériens et tous ceux qui disent qu’on ne peut accomplir les commandemens quand on est secouru de la grâce ; mais, comme le Concile ne fait que défendre la [1][possibilité des commandemens, avec la grâce nécessaire] pour les observer, sans déclarer qu’elle soit jamais présente, il nous laisse la liberté de dire qu’elle ne l’est jamais, et de soutenir dans cette supposition, sans blesser sa définition, l’impossibilité continuelle des préceptes. »

En vérité, que diroient nos Catholiques d’une opinion si extravagante ? La trouveroient-ils fort conforme au Concile ? L’y jugeroient-ils fort soumise ? Et comment supporteroient-ils qu’on voulust non seulement la faire passer pour le véritable sens du Concile, et pour la foy orthodoxe et unique, mais seulement comme soûtenable et probable ?

Ne crieroit-on pas avec raison que ce seroit se jouer des paroles du Saint-Esprit ; qu’il n’y a point de différence considérable entre cette erreur et celle de Luther, puisqu’ils conviennent dans l’impossibilité des Commandernens, quoy qu’ils différent dans la cause de cette impossibilité : qu’elle est condamnée d’anatheme, et qu’il faudroit l’étouffer comme un monstre pernicieux et détestable ?

Je prie ceux qui auroient ce zèle pour la Religion, non pas de le refroidir, mais de ne le pas restreindre ; et, sans le renfermer dans ce seul sujet, de l’étendre à tous ceux qui font une pareille injure à

  1. P. [la nécessité de la grâce], mots barrés et remplacés par le correcteur.