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FRAGMENTS D’UNE LETTRE DE PASCAL SUR LA POSSIBILITÉ DES COMMANDEMENTS, LES CONTRADICTIONS APPARENTES DE St AUGUSTIN, LA THÉORIE DU DOUBLE DÉLAISSEMENT DES JUSTES, ET LE POUVOIR PROCHAIN.

I[1]

Je n’ay ni loisir, ni livres, ni suffisance pour vous repondre aussi exactement que je voudrois : je le feray néanmoins suivant ce que je puis maintenant, afin que voyant par écrit des choses que je vous ay souvent dites, elles fassent plus d’impression sur vous, sans que vous ayiez besoin que je vous les répète.

Vous me demandez que je reponde à ces parolles du Chap. xi. de la sess. vi. du Concile de Trente, Que les Commandemens ne sont pas impossibles aux Justes. Je vai vous satisfaire selon mon pouvoir. Cette Proposition, Les Commandemens sont possibles aux Justes, a deux sens tout differens et éloignez l’un de l’autre. Ce n’est pas icy une distinction d’É-

  1. Bibliothèque Nationale, ms. f. fr. 12449, fo 615-626 ; publié par Bossut pp. 406 à 422, et considéré par lui comme le début d’une Lettre sur la possibilité des Commandements de Dieu. Cf. les textes du concile de Trente, supra p. 105 sqq. — Le Père Guerrier (ie recueil, p. 14) transcrit cette lettre d’après « le manuscrit même de M. Pascal ». Nous marquons par G. les variantes qu’il donne.