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lant faire voir la vérité de celle de l’Eglise et la fausseté des autres, prend pour règle la tradition successive de cette doctrine depuis J.-C. jusqu’à nous. Il se propose de montrer que nous l’avons apprise de nos Pères ; eux, de ceux qui les ont précédés ; ceux-là des autres ; eux des anciens Pères, qui les ont tenues des Apostres, qui l’ont receuë immédiatement de J. C. même, qui est la vérité. Ainsi cette doctrine est fondée sur la pierre inébranlable de l’Evangile et des Stes Ecritures, interprétées, non suivant son propre esprit, mais suivant celui des anciens Pères, des Papes, des Conciles, des prières de l’Eglise. Il promet ensuite de faire voir la nouveauté des opinions de Molina et de Calvin, reconnue par eux-mêmes ; afin que la comparaison de l’antiquité de l’opinion de l’Eglise avec la nouveauté des autres inspire les sentimens qu’on en doit avoir ; de repondre aux passages de l’Ecriture que les uns et les autres errants expliquent suivant leur sens, et qui semblent les favoriser, de réfuter leurs objections, et enfin de faire voir combien cette doctrine de l’Eglise est conforme au sens commun même, quoi que le sens commun ne doive pas entrer en concurrence avec une matière de foi.

C’est dommage que M. Pascal n’ait pas exécuté ce projet avec toute l’etenduë qu’il meritoit ; car cet écrit ne renferme proprement que le plan de l’ouvage qu’il meditoit et qu’il etoit si capable de traiter. Il n’y a qu’un seul article sur lequel il s’étend et qu’il regardoit comme le point capital.

« La question principale, dit-il, dont il s’agit est de sçavoir si Dieu a une volonté générale de sauver tous les hommes, et s’il n’y en a point que Dieu ne veuille pas sauver : Ou, ce qui est la même chose, si Dieu donne des grâces suffisantes à tous les hommes pour leur salut, ou s’il n’y en a pas à qui Dieu refuse ses grâces ; ou, ce qui est la même chose, si la prédestination est un effet de la volonté absolue de Dieu, qui veut sauver l’un et non pas l’autre. »

Il entreprend donc de prouver par la suite de la Tradition que tous les Docteurs en tous les tems, ont établi comme une vérité constante, que Dieu ne veut pas sauver tous les hom-