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demption de Jesus-Christ. Que c’est la faute de ces personnes de ce qu’ils ne persévèrent pas ; qu’ils le pourroient, s’ils le vouloient, mais que n’estant pas du nombre des Eleus, Dieu ne leur donne pas ces grâces efficaces sans lesquelles ils ne le veulent jamais en effet. Et partant qu’il y a trois sortes d’hommes, les uns qui ne viennent jamais à la foy, les autres qui y viennent et qui ne perseverant pas meurent dans le péché mortel, et les derniers qui viennent à la foy et y perseverent dans la charité jusqu’à la mort. Jesus-Christ n’a point eu de volonté absoluë que les premiers receussent aucune grâce par sa mort, puisqu’ils n’en ont point en effet receu.

Il a voulu racheter les seconds ; il leur a donné des grâces qui les eussent conduits au salut, s’ils en eussent bien usé, mais il ne leur a pas voulu donner cette grâce singulière de la perseverance, sans laquelle on n’en use jamais bien.

Mais, pour les derniers, J.-C. a voulu absolument leur salut, et il les y conduit par des moyens certains et infaillibles.

Que tous les hommes du monde sont obligez de croire, mais d’une creance meslée de crainte et qui n’est pas accompagnée de certitude, qu’ils sont de ce petit nombre d’Eleus que Jesus-Christ veut sauver, et de ne juger jamais d’aucun des hommes qui vivent sur la terre, quelque meschans et impies qu’ils soient, tant qu’il leur reste un moment de vie, qu’ils ne sont pas du nombre des Prédestinez