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PREMIER ECRIT
[EXPOSÉ SOMMAIRE DU PROBLÈME DE LA GRACE][1]
Il est constant qu’il y a plusieurs des hommes damnez et plusieurs sauvez. Il est constant encore que ceux qui sont sauvez ont voulu l’estre et que Dieu aussi l’a voulu ; car si Dieu ne l’eust pas voulu, ils ne l’eussent pas esté, et s’ils ne l’eussent pas aussi voulu eux-mesmes, ils ne l’eussent pas esté. Celuy qui nous a faits sans nous, ne peut pas nous sauver sans nous. Il est aussi véritable que ceux qui sont damnez ont bien voulu faire les péchez qui ont mérité leur damnation et que Dieu aussi a bien voulu les condamner.
Il est donc évident que la volonté de Dieu et celle de l’homme concourent au salut et à la damnation
- ↑ Cet écrit, qui se trouve au ms. 12449 de la Bibliothèque Nationale, fos 683 à 691, a été imprimé pour la première fois dans E. Jovy, Pascal inédit, T. I, p. 104. Clémencet dans son Histoire littéraire encore manuscrite, art. Pascal, Bibliothèque Mazarine, ms. 4533 à 4539, T. II, p. 35, en transcrit la première partie, avec d’assez nombreuses variantes de détail, et résume la seconde. Il accompagne cet écrit de cette note : « nous avons sous les yeux cet écrit copié sur l’original qui etoit de la main de M. Pascal ». — Dans les papiers de Fourquevaux, que possède M. A. Gazier, se trouve reproduit un court extrait de cet écrit : « Que tous les hommes… prédestinez. », avec cette mention : « Tiré d’un manuscrit de Mlle Perier », et ce titre : « Extrait d’un écrit de M. Pascal, où il expose à une Religieuse les différents systèmes sur la grâce. Voicy un des articles du système des Disciples de St Augustin. »