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��RELATION DE MA SŒUR EUPHEMIE,

SUR LA MORT DE MA SOEUR

ANNE-MARIE DE SAINTE-EUGENIE ARNAULD 1

��[7. Octobre 1660].

��Ma très chère Sœur,

��Vous auriez sujet de vous plaindre de moy si je ne vous allois trouver pour me consoler avec vous de la perte commune de nostre pauvre Enfant. Je vous puis asseurer que peu de choses sont plus capables de me toucher, et que j'ay vivement ressenti les souffrances de sa maladie, et encore plus sa séparation, quoy que je vous avoue que l'un et l'autre sont accompagnées de tant de sujets de consolation, que je ne sçay en vérité lequel est le plus grand et le plus juste de la douleur que je sens en per- dant une personne à qui j'estois bien plus unie, ce me semble, que par la chair et le sang, ou de la joie et de la reconnoissance des grâces que Dieu a faites à une per- sonne à qui j'estois si obligée d'en désirer. Sa bonne dis- position a paru principalement au plus fort de son mal, et il semble que Dieu n'ait soutenu sa vie durant ces derniers huit jours, contre toute apparence, que pour nous faire connoistre ce qu'il a fait en sa faveur. Elle n'a

��1. Jacqueline fait ici la relation de la mort de la Sœur Anne Marie de Sainte-Eugénie, fille d'Arnauld d'Andilly, morte au monas- tère des Champs, le 7 octobre 1660. Cette lettre a été imprimée, avec d'assez nombreuses modifications, dans les Mémoires pour servir à l'histoire de P. R., 17^2, T. III, p. 5o6.

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