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Et l’amour qu’elle a pour ses enfants l’oblige d’admettre jusques dans ses entrailles le plus cruel de ses persécuteurs.

Mais ce n’est pas à l’Église à qui l’on doit imputer les malheurs qui ont suivi un changement de discipline si salutaire, car comme elle a vu que la dilation du baptême laissait un grand nombre d’enfants dans la malédiction d’Adam, elle a voulu les délivrer de cette masse de perdition, en précipitant le secours qu’elle leur donne. Et cette bonne mère ne voit qu’avec un regret extrême que ce qu’elle a procuré pour le salut de ses enfants devienne l’occasion de la perte des adultes.

Son véritable esprit est que ceux qu’elle retire dans un âge si tendre de la contagion du monde s’écartent bien loin des sentiments du monde. Elle prévient l’usage de la Raison, pour prévenir les vices où la raison corrompue les entraînerait ; et avant que leur esprit puisse agir, elle les remplit de son esprit, afin qu’ils vivent dans l’ignorance du monde et dans un état d’autant plus éloigné du vice qu’ils ne l’auraient jamais connu.