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74 ŒUVRES

dangereusement attaquée et au dehors et au dedans, c'est à dire, tant par les hérétiques, qui veulent abolir les Sa- cremens qui sont les canaux de la grâce ; que par les faux Casuistes qui portent à prophaner les Sacremens, en sorte qu'on n'y trouve que sa condamnation ; et qu'ainsi il n'y a nul salut à espérer, ni en suivant le schisme héréti- que des uns, ni en suivant les méchantes doctrines des autres.

C'est ce que nous sommes obligez en conscience de publier de nostre part et de crier incessamment que l'on se garde de ce levain contagieux, qui infecteroit la masse entière des meilleures actions. Et si ce que nous disons ne sert pas à ramener ces personnes égarées, nous espé- rons qu'il servira à empescher que nos peuples ne se lais- sent égarer avec eux ; et à porter les Puissances de l'Eglise à interposer l'authorité que Dieu leur a donnée à cette fin ; pour le moins cela servira à nostre décharge, et à la satisfaction du devoir que Dieu nous a imposé, d'instruire nos peuples de la sainte et salutaire doctrine de l'Evan- gile, et à ne pas souffrir qu'on leur en donne une fausse, pernicieuse, abominable, pire en une infinité de points que celle, non seulement des hérétiques, mais encore des Payens et des Turcs ; estant certain que l'Alcoran défend et l'homicide, et la vengeance, et le vol, et la calomnie, que ces misérables Casuistes permettent. De sorte que comme Jesus-Christ parlant des excès des Juifs et des Pharisiens qui ayant ouï sa parole, suivoient neantmoins leurs traditions humaines, dit d'eux qu'ils seront jugez non pas par luy mesme, ni par ceux qui ont esté en- voyez avec authorité de sa part, comme Moyse et les Pro- phètes ; mais par des personnes estrangeres, et qui n'es- toient pas du peuple de Dieu. Ainsi on peut dire que pour condamner ces maximes détestables, qu'on n'est pas obligé

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