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SIXIÈME ÉCRIT DES CURÉS DE PARIS 61

une disposition si criminelle et si dangereuse. Il est question en cette dispute d'erreurs qui renversent la Morale Ghrestienne dans les points les plus impor- tans, et une Société entière de Prestres qui gouver- nent une infinité de consciences, prétend qu'il luy est glorieux de souffrir pour ne s'en retracter jamais. Il faut assurément estre tout à fait insensible aux interests de l'Eglise, pour ne s'en point émouvoir. Ceux qui n'ont point de connoissance de ces desor- dres, et qui regardent seulement en gênerai le bien delà paix, peuvent peut-estre s'imaginer qu'elle se- roit préférable à ces disputes. Mais d'ouvrir les yeux à ces desordres, et en les envisageant en leur entier vouloir demeurer en repos, sans en ar rester le cours, c'est ce que nous croyons incompatible avec l'amour de la Religion et de l' Eglise ^ Si nous ne regardions que nostre interest, les choses sont à nostre égard dans un estât si avantageux, que nous aurions tout sujet d'estre satisfaits. Mais comme la vérité ne l'est pas, nous devons solliciter pour elle; et nous avons sujet de craindre, selon la parole de S. Augustin, qu'au lieu que ceux qui sont insensibles à sa défense, peuvent accuser nostre zèle d'excès, elle ne l'accuse de tiédeur, et ne crie, que ce n'est pas encore là assez pour elle : Hoc illi nimium dicwit esse : ipsa autem veritas fartasse adhuc dicat, nondam est satis^.

1. Cf. Pensées, ibid. : « Qu'on les a traitez aussi humainement qu'il estoit possible de le faire pour se tenir dans le milieu entre l'amour de la vérité et le devoir de la charité. Que la pieté ne consiste pas à ne s'élever jamais contre ses frères ; il seroit bien facile, etc. »

2. Nous n'avons pas retrouvé cette citation de saint Augustin.

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