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38 ŒUVRES

YII. Vous m'apportez pour justifier l'excès de vostre pas- sion, une nouvelle Apologie qui défend les Casuistes à qui vous avez déclaré la guerre. Mais je vous réponds que je ne prens point de part à cet ouvrage, et que je ne veux point estre de parti dans une guerre que j'estime funeste aux vic- torieux et aux vaincus, puisqu'elle ne peut produire que le mépris de la Religion, et la ruine de la charité, qui est un bien commun [p. 47]- Dés là ne devrois-je pas vous faire tomber les armes des mains n'ayant rien à démesler avec vous? Si vous aimez la concorde, pourquoy m'attaquez vous, moy qui veux bien vivre avec tout le monde ? Si vous estes impatient du repos, que ne vous adressez- vous à l'Auteur de cet écrit ? Vous demandez par quelle raison quelques Jésuites s'opposent si visiblement à la poursuite que vous faites contre luy ? Et moy je vous prie de me dire par quelle raison vous poursuivez si injustement tous les Jésuites à l'occasion d'un livre, qui ne porte point leur approbation, et qui ne paroist pas mesme sous leur nom ? Par quelle raison donnez-vous cet avantage aux Jansénistes de ruiner la réputation d'un Ecri- vain qui prend contre eux la défense des Casuistes ? Par quelle raison entreprenez-vous avec tant de violence, vous qui estes Catholique, un Auteur, qui fait profession de ne combatre que des Hérétiques ? Vous me dites que la doctrine qu'il enseigne est criminelle ; mais il soustient au contraire qu'elle est en partie de Monsieur du Val, en partie de Major, et en partie d'autres Docteurs de Sorbonne, tous excellens Auteurs. Quoy qu'il en soit, je vous assure que ce n'est point la mienne, que ce n'est point celle de nostre Compagnie, qui n'auroit garde d'abandonner une foule d'Ecrivains considé- rables qu'elle reconnoist pour siens, et qui enseignent des opinions bien éloignées de celles-cy, pour prester son nom à l'ouvrage d'un Auteur qui n'a pas jugé à propos de luy don- ner le sien. Pourquoy donc luy imputer une doctrine qu'elle ne veut ni autoriser ni condamner avec ignominie ? Si elle est bonne, n'en ostez pas la gloire à ceux qui l'ont enseignée ; si elle est mauvaise, c'est à vous à le monstrer par de bonnes

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