que, s’il acceptoit cette condition, il n’avoit qu’à envoyer son chiffre à un de ses amis dans le mois de Decembre ; que le mien estoit desja fait, et qu’on les produiroit ensemble ; qu’en suitte son explication et la mienne paroistroient aussi ensemble ; et que celuy dont le chiffre expliqué se trouveroit contenir la verité seroit reconnu pour avoir resolu les problesmes de luy-mesme et sans secours ; mais que celuy dont le chiffre expliqué se trouveroit faux seroit exclus de l’honneur de l’invention, sans pouvoir en suitte y pretendre, apres avoir veu les solutions de l’autre à descouvert.
Voilà l’expedient decisif qu’on luy proposa ; et on luy adjousta, le plus severement que la civilité le peut permettre, que, s’il le refusoit, il paroistroit à toute la terre qu’il n’avoit point ces solutions ; qu’autrement il ne cederoit pas à un autre l’avantage de la premiere invention ; et que si, en suite de ce refus, et apres que j’aurois produit les miennes, il entreprenoit d’en produire ensuitte, il ne passeroit que pour les avoir pris de moy, et acquerroit toute la mechante opinion que meritoit un procedé de cette nature. On attendit la reponse à tout cela comme devant servir de derniere preuve de l’esprit avec lequel il agissoit ; et on la receut peu de temps apres, qui portoit ce que j’avois tant predit ; qu’il ne vouloit donner ny discours, ny chiffre, ny autre chose, ny accepter aucune condition ; qu’il vouloit voir mes inventions publiées et à descouvert, avant que de rien produire ; qu’il ne me disputoit ny les