neantmoins il ne vouloit pas les produire avant que j’eusse imprimé les miennes, comme je devois le faire en ce temps-là, qui estoit le commencement d’Octobre.
Je l’entendis assez, et il ne fut pas difficile à tout le monde de voir que c’estoit justement ce que j’avois predit. On resolut donc de le pousser à l’extremité, et, pour monstrer parfaitement qu’il ne pouvoit rien donner qu’apres moy, je promis publiquement, dans l’histoire de la Roulette[1], de differer de trois mois, sçavoir jusques au premier Janvier, la publication de mes problesmes ; au lieu qu’il s’estoit attendu que je les donnerois au premier Octobre, comme je l’eusse fait en effet sans cela.
Cette remise, qui luy eust esté si favorable s’il eust eu veritablement ces solutions, trahit son mistere et luy devint insupportable parce qu’il ne les avoit pas et qu’il voyoit bien qu’on alloit juger de luy par l’usage qu’il feroit de ce delay. Cela le mit donc en colere, et il fut si naïf dans sa mauvaise humeur qu’il le tesmoigna franchement par ses lettres, où il mandoit que c’estoit une chose estrange que je voulusse ainsi sans raison differer de trois mois entiers la publication de mes solutions. À quoy on luy respondit qu’il avoit le plus grand tort du monde de s’en plaindre ; que rien ne luy estoit plus advantageux ; qu’il devoit bien en profiter, et s’asseurer par là l’honneur de la premiere production, pendant que je m’estois lié les mains moy-mesme, et que, si son
- ↑ Vide supra p. 208.