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ŒUVRES

tout le divertissement qu’on peut tirer de ceux qui s’engagent en de pareilles entreprises, comme cela est arrivé en cette sorte.

Ce fut dans le mois de Septembre qu’il commença à escrire qu’il avoit resolu tous ces problémes : on me le fit sçavoir, et je fus surpris de sa petite ambition ; car je connoissois sa force et la difficulté de mes problesmes, et je jugeois assez, par tout ce qu’il avoit produit jusques icy, qu’il n’estoit pas capable d’y arriver. Je m’assuray donc, ou qu’il s’estoit trompé luy-mesme, et qu’en ce cas il le falloit traiter avec toute la civilité possible s’il le reconnoissoit de bonne foy, ou qu’il vouloit nous tromper, et attendre que j’eusse publié mes problesmes pour se les attribuer ensuitte, et qu’alors il falloit en tirer le plaisir de le convaincre, qui estoit en mon pouvoir, puis que la publication de mes problesmes dependoit de moy. Je tesmoignay donc mon soupçon, et je priay qu’on observast ses demarches. La premiere qu’il fit fut d’envoyer, avant que le terme des Prix fust expiré, un calcul d’un cas proposé, si estrangement faux en toutes ses mesures, que luy mesme le revoqua par le premier Courier d’apres : mais, bien loin de le faire avec modestie, il y agit avec la fierté du monde la plus plaisante et la moins fine ; car il manda qu’à la verité son calcul estoit faux, mais qu’il en avoit un autre bien veritable, et mesme de tous les cas generalement, avec toutes les demonstrations escrites au long en l’estat qu’il les vouloit faire paroistre, et toutes prestes à donner à l’Imprimeur ; mais que