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SUITE DE L’HISTOIRE DE LA ROULETTE

La moindre de ces raisons, et de toutes les autres qu’on luy escrivit, eust été capable, ce me semble, de faire renoncer à tous les problesmes de la Geometrie ceux qui sont au dessus de ces matieres : mais pour luy il n’en rabattit rien de sa pretention, et il y persiste encore maintenant. Voila quel a esté son procedé sur les problesmes de Monsieur de Roberval, où j’admiray à quoy cette fantaisie de l’honneur des sciences porte ceux qui veulent en avoir, et qui n’ont pas de quoy en acquerir d’eux-mesmes.

Mais il n’en demeura pas là, et, pendant qu’on l’exhortoit à quitter cette entreprise, il s’engagea à une autre, qui fut de se vanter d’avoir resolu tous les problesmes que j’avois proposez publiquement : en quoy il se trouva dans un estrange embarras, et bien plus grand qu’auparavant ; car, dans sa premiere pretention, il avoit en main les enonciations de Monsieur de Roberval, et pouvoit ainsi en produire de semblables et veritables, en assurant qu’il y estoit arrivé par des moyens qu’il vouloit tenir secrets : au lieu que, dans sa seconde pretention, il ne pouvoit avoir au plus que l’enonciation d’un seul cas, que j’ay communiquée à quelques personnes, et qui n’est peut estre pas venuë jusques à lui : de sorte qu’estant dans l’impuissance entiere de produire toutes les enonciations dont il se vantoit, n’y pouvant arriver, ny par sa propre invention, ny par communication, il se mit dans la necessité de succomber à tous les deffis qu’on luy a faits d’en faire paroistre aucune, et, par ce moyen, en estat de nous donner