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estoit qu'on avoit sceu que dans la dernière assemblée de Sorbonne, la Faculté avoit arresté d'insérer dans la Censure de l'Apologie des Casuistes une clause contraire aux loix de la France, qui estoit que la Faculté n'approuvoit pas les lettres au Provincial, eo quod accepisset Roinœ fuisse damnatas. Que cette façon de parler estoit contraire à la pratique du Royaume, et que l'on n'en pouvoit user sans reconnoistre l'inquisition : Que si leur censure eut paru en cet estât, les gens du Roy eussent esté obligez delà faire reformer. Mais qu'il avoit jugé plus à propos de les avertir qu'ils prévinssent cet inconvé- nient. Qu'on sçavoit de plus que les Religieux s'estoient trou- vez en cette assemblée en plus grand nombre qu'ils ne dé- voient : que la Faculté devoit faire observer ses propres Reglemens faits sur ce point, et les Arrests du Parlement : qu'autrement il seroit obligé de faire donner Arrestles Cham- bres assemblées pour les réduire à leur nombre. Qu'au reste il y avoit lieu de s'estonner que la Faculté eut employé cinq mois entiers à faire la Censure d'un aussi méchant livre que celui de l'Apologie. » Il leur recommanda en suitte d'obeïr aux ordres qu'on leur donnoit, et pour preuve de leur défé- rence, il leur dit de se rendre au mesme lieu le lendemain de leur assemblée afin d'en rendre conte aux gens du Roy. Ces Docteurs s'estant retirez firent le seizième de Juillet leur rapport à la Faculté de ce qui s'estoit passé, et après une longue délibération, il fut conclu qu'on obeïroit à l'ordre de Messieurs les gens du Roy, et qu'on ne feroit aucune men- tion de ce prétendu décret de Rome contre les Lettres Pro- vinciales. Après la Censure fut leùe, approuvée, et confirmée, et on en alloit ordonner la publication, lors que tout le monde futsurpris de voir entrer en Sorbonne à point nommé M. Per- cheron Aumônier du Conseil, qui s'estant présenté à la porte, demanda à parler, de la part de M. le Chancelier au Doyen de la Faculté. Le Doyen estant sorty, il luy dit que M. le Chancelier ne vouloitpas empescher leur Censure, mais qu'il prioit la Faculté d'en différer la publication jusques au retour du Roy, qui devoit estre dans huit ou dix jours. Le Doyen

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