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APPENDICE AUX ÉCRITS DES CURÉS 99

particulier l'Apologie qu'on avoit faite pour les deffendre estoit opposée à l'esprit de l'Evangile et à la voye du salut.

On recevoit aussi en mesme temps divers advis de ce que les Jésuites faisoient dans les Provinces pour débiter et sous- tenir cette Apologie. On sceut entr'autres choses qu'à Amiens ils l'avoient eux-mesmes donnée au Lieutenant General et au Lieutenant Particulier ; Et que le Recteur des Jésuites de cette mesme ville, parlant de l'Apologie à un de ses amis, luy avoit dit, Que c estoit une pièce qui faisait bruit, mais que ce n estoit qu'à l'égard des simples et des ignorans, et que les sça- vans qui sont et seront, Vestimeront tousjours, parce que la doc- trine quelle contient est la véritable.

On sçait aussi qu'à Rouen, un des plus habiles Conseillers du Parlement ayant demandé au P. Brisacier Recteur du Collège, pourquoy ils deffendoient les maximes qui étoient dans l'Apologie, ce Jésuite luy avoit répondu. Qu'elles avaient esté soutenues avant la Société par d'autres Docteurs. A quoy ce Con- seiller répliqua fort sagement : Véritablement, mon Père, quand ce que vous diiles serait vray, je m'estonne par quel aveuglement vostre Société a pris plaisir de rechercher tout ce qui est abomi- nable dans tous les Docteurs qui vous ont précédé, ou qui vous sont contemporains, pour en faire un corps de Morale, et l'attri- buer à vostre Société, comme estant vostre propre ouvrage, et l'esprit avec lequel vous conduisez ceux qui ont créance en vous. Et ce qui est encore pis, vous remuez Ciel et Terre, et importu- nez toutes les puissances tant ecclésiastiques que séculières, pour faire passer ces erreurs, et condamner d'heresie les véritables maximes qui sont contraires aux vostres.

A Bourges un Religieux estant allé trouver le P. Rague- neau Jésuite son cousin, et luy ayant porté la Requeste et le Factum des Curez de Paris, luy cottant les méchantes Propo- sitions de l'Apologie, ce Père luy répondit ; Que ce livre de l'Apologie estoit très excellent et très bien fait ; que les Doc- teurs de Sorbonne qui iavoient examiné n'y avaient rien trouvé à redire; qu'il ne pouvait estre que tres-bon, ayant esté composé par an sçavant homme Religieux de leur Compagnie, qui se nom-

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