Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

76 OEUVRES

ami de la musique du Parnasse. Ce n'est pas que je sois jaloux qu'il s'aide, mais chrestiennement aussi je serois bien aise qu'en cherchant son repos ce ne fut pas à mon destri- ment, encore que je l'aye exhorté lorsque nous avons eu la liberté, sur le livre que sçavez, de ne rien dire contre moy, non plus que j'avois dessein de luy nuirre. Je m'estonnay fort de ce qu'il me disoit tout haut, tout ce qu'il avoit fait, et osé, mesmes devant quelques sentinelles gaignées.

Mon frère vous pouvez dire que je suis et entre dans le qua- triesme mois que je suis prisonnier où vous sçavez, sans le grand resentiment que j'ay d'avoir offencé, en perte jusqu'à présent de plus de 4oo' pour une affaire qui ne m'a jamais valu plus de quatre francs ou cent sols et que le mesme jour il la falut rompre et distribuer.

Et ce qui est encore plus à remarquer c'est que je n'ay garde de discourir avec la personne du Parnasse de ce qu'il dit que je l'ay prié avec grande instance de gaigner quelque chose avec les Messieurs du Port-Royal, parce que par sa pro- position il fait connoistre qu'il me l'a donc permis, qu'il a sceu que j'ay f'aict, et mesme les premières coppies imprimées es- toient tousjours pour luy, avant mesme que les autheurs en eussent pour faire leurs presens, et luy me le permettoit, me disoit-il, pour en connoistre les auteurs ; il les a connus, conversé avec eux plusieurs fois et mesme conféré des escrits qu'ils avoient à faire imprimer, et receu force presens.

Cela ne peut estre révoqué en doute, je ne pouvois faire davantage que de luy faire entrer les auteurs chez luy, et ce par plusieurs fois; il pouvoit les arrester et leur dire qu'il avoit ordre de prendre garde aux impressions sans permission et particulièrement aux escrits de leur part, et qu'ils estoient à la veille de mettre beaucoup de pauvres imprimeurs en peine, et que l'on ne vouloit plus absolument permettre qu'il fut vendu de leurs escrits.

Et bien plus encore le Sieur Desprez m'a dit sur les tons que vous sçavez avoir esté disner plusieurs fois avec Monsieur du Parnasse chez M. le curé de S^ Eustache là où ils confe-

�� �