Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

DIX-HUITIÈME PROVINCIALE 55

la connoissance de l'Evangile à tant de peuples, qui fussent péris dans leur infidélité.

Vous voyez donc, mon Père, quelle est la nature des choses de fait, et par quels principes on en doit juger : d'oii il est aisé de conclure sur nostre sujet, que si les cinq propositions ne sont point de Janse- nius, il est impossible qu'elles en ayent esté extraites, et que le seul moyen d'en bien juger, et d'en per- suader le monde, est d'examiner ce livre en une conférence réglée, comme on vous le demande de- puis si long-temps'. Jusques là vous n'avez aucun droit d'appeller vos adversaires opiniastres : car ils seront^ sans blasme sur ce point de fait, comme ils sont sans erreurs sur les points de foy ; catholi- ques sur le droit, raisonnables sur le fait, et inno- cens en l'un et en l'autre.

Qui ne s'estonnera donc, mon Père, en voyant d'un costé une justification si pleine, de voir de l'autre des accusations si violentes ? Qui penseroit qu'il n'est question entre vous que d'un fait de nulle importance, qu'on veut faire croire sans le monstrer.^^ Et qui oseroit s'imaginer qu'on fist par toute l'Eglise tant de bruit pour rien, pro nihilo, mon Père, comme le dit S. Bernard ^ Mais c'est cela mesme qui est le

��1. Cf. supra p. [\ki note i.

2. W. carent.

3. W. ut modo loquentem Bernardum audivimus. — Cf. supra p. ^7. — Rapprocher la note prise par Pascal avant la dix-septième Pro- vinciale, Pensées, fr. 929, T. III, p. 368 : « Vous estes bien ridicules de faire du bruit pour les propositions : ce n'est rien. Il faut qu'on l'entende, »

�� �