Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

DIX-HUITIÊME PROVINCIALE SI

infaillible dans les faits mesmes, et le rapport des sens et de la raison agissans dans leur estenduë estant certains aussi, il faut que ces deux veritez s'accordent ; et comme l'Escriture se peut interpré- ter en différentes manières, au lieu que le rapport des sens est unique, on doit en ces matières prendre pour la véritable interprétation de l'Escriture celle qui convient au rapport fidèle des sens. // faat, dit S. Thomas i . p. q. 68. a. i\ observer deux choses selon S. Augustin : l'une que l'Escriture a toujours un sens véritable, l'autre, que comme elle peut rece- voir plusieurs sens, quand on en trouve un que la rai- son convainc certainement de fausseté, il ne Jaut pas s'obstiner à dire que c'en soit le sens naturel, mais en chercher un autre qui s'y accorde.

C'est ce qu'il explique par l'exemple du passage de la Genèse, où il est écrit que Dieu créa deux grands luminaires, le soleil et la lune, et aussi les estoiles^ : par où l'Escriture semble dire que la lune est plus grande que toutes les étoiles ; mais parce qu'il est constant par des démonstrations indubita- bles que cela est faux, on ne doit pas, dit ce Saint, s'opiniastrer à défendre ce sens littéral ; mais il faut en chercher un autre conforme à cette vérité défait, comme en disant que le mot de grand luminaire ne marque que la grandeur de la lumière de la lune à

��1. Cf. ce texte de S* Thomas, supra p. 21 sq.

2. Gen. I, 16 : Fecitque Deus duo luminaria magna : luminare majus, ut prœesset diei ; et luminare minus, ut prœesset nocti ; et stellas.

�� �