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46 OEUVRES

déclarent eux-mesmes que les Papes et que les plus grands Roys sont plus exposez à estre trompez, que les personnes qui ont moins d'occupations impor- tantes. Il les en faut croire. Et il est bien aisé de s'ima- giner par quelle voye on arrive à les surprendre. S. Bernard en fait la description dans la lettre qu'il écrivit à Innocent IL en cette sorte * : Ce n'est pas une chose estonnante ny nouvelle, que l'esprit de rhomme puisse tromper et estre trompé. Des Religieux sont venus à vous dans un esprit de mensonge et d'illusion. Ils vous ont parlé contre un Evesque qu'ils haïssent, et dont la vie a esté exemplaire. Ces personnes mor- dent comme des chiens, et veulent faire passer le bien pour le mal. Cependant, tres-saint Père, vous vous mettez en colère contre vostrefils. Pourquoy avez-vous donné un sujet de joye à ses adversaires ? Ne croyez pas à tout esprit, mais esprouvez si les esprits sont de Dieu. J'espère que quand vous aurez connu la vé- rité, tout ce qui a esté fondé sur un faux rapport sera dissipé. Je prie l'esprit de vérité de vous donner la grâce de séparer la lumière des ténèbres, et de reprou- ver le mal pour favoriser le bien. Vous voyez donc, mon Père, que le degré eminent oii sont les Papes, ne les exempte pas de surprise, et qu'il ne fait autre chose que rendre leurs surprises plus dangereuses et plus importantes. C'est ce que S. Bernard re- présente au Pape Eugène, de Consid. lib. 2. c. ult.^

��1. W. Epist. 827. — Cf. ce texte de S' Bernard, supra p. 21.

2. Cf. ce teste de S^ Bernard, emprunté aux Réjlexions sur un Décret de l'Inquisition d'Arnauld, supra p. i4 sq.

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