Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/380

Cette page n’a pas encore été corrigée

366 OEUVRES

leur séparation; parce que l'égarement de ces Pères, aussi bien que celuy des hérétiques, ne venant que d'avoir quitté la doctrine de l'Eglise pour suivre leur esprit propre ; tant s'en faut que les excez où les Jé- suites sont tombez pour avoir abandonné la Tradi- tion, favorisent le refus que les hérétiques font de se soumettre à cette Tradition que rien n'en prouve au contraire plus fortement la nécessité et ne fait mieux voir les mal-heurs qui viennent de s'en escarter. Et la pretension des Jésuites n'est pas moins ruinée. Car l'intension qu'ils avoient en imputant leurs maximes à l'Eglise, estoit défaire croire qu'ils n'en avoient point d'autres que les siennes. Et il est ar- rivé de là au contraire que tout le monde a appris qu'elles y sont estrangement opposées ; parce que la hardiesse d'une telle entreprise a excité un scandale si universel et une opposition si éclatante, qu'il n'y a peut-estre aucun lieu en tout le christianisme où Ion ne connoisse aujourdhuy la contrariété de sentimens qui est entre leur Société, et l'Eglise, qui auroit pos- sible esté long-temps ignorée en beaucoup de lieux si par un aveuglement incroyable ils n'avoient eux mesmes fait naistre la nécessité de la rendre publique par tout le monde.

C'est ainsi que la vérité de Dieu destruit ses enne- mis par les efforts mesmes qu'ils font pour l'oppri- mer, et dans le temps où ils l'attaquent avec le plus de violence. La leur estoit enfin devenue insuporta- ble et menaçoit l'Eghse d'un renversement entier. Car les Jésuites en estoient venus à traiter hautement

�� �