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qu'il pouvoit donner d'application à son ouvrage sur la religion. — Cependant comme il en fit le récit avec indiffé- rence 'à M'" le Duc de Rouannez, il luy fit remarquer que Dieu avoit peut estre ^ordonné cette rencontre pour luy pro- curer un moyen d'établir et donner plus de force à l'ouvrage qu'il meditoit contre les Athées et les libertins pour qu'en leur faisant voir quelle estoit la profondeur de son génie, il leur oteroit l'objection ordinaire qu'ils font aux preuves de la Religion, qui est de dire qu'il n'y a que les esprits foibles et crédules, et qui ne s'entendent pas aux preuves, qui admet- tent celles par lesquelles on soutient la vérité de la Religion Chrétienne.

« La justesse de son esprit luy fit sentir si vivement la soli- dité de ce raisonnement et l'effet qui rejailliroit sur son ou- vrage pour la manifestation d'une chose si cachée et si diffi- cile que sans s'arrêter aux vues d'une fausse humilité qui auroient pu luy faire renoncer à la gloire d'une découverte de cette importance, il crut au contraire devoir faire éclater la chose par une voye qui n'a peut-estre guère d'exemples. Car il fit une déclaration publique par des écrits latins qu'il en- voya dans toutes les Académies à tous les illustres géomètres de l'Europe au mois de juin i658, et par ces écrits il leur ^.. »

��T. Ms. 20945: « à une personne de grande qualité et d'un esprit supérieur ».

2. Ms. 20945: «permis».

3. La note s'arrête là. — Cf. une lettre de Leibniz à Th. Burnet, du ler février 1697 (Bibliothèque Royale de Hanovre, Leibn. Briefiv., T. Burnet, f» 5o-5i, publiée par Gerhardt, Phil. Schr. T. III, p. igS) : (c ...Je vous raconteray une petite histoire de feu M. Pascal que j'avois apprise de feu Mons. le Duc de Roannez, qui avoist esté son ami par- ticulier. Vous sçavés que M. Pascal (qui est mort trop tost) s'étoit à la fin addonné à établir les vérités de la Religion ; et, comme il passoit avec raison pour un excellent Géomètre, ses amis bien intentionnés pour la religion estoient bien aises de son dessein... Il arriva que M. Pascal trouva quelques vérités profondes et extraordinaires en ce temps là sur la Cycloide. Et comme ses amis croyoient que d'autres auroient de la peine à y parvenir parce qu'en effet ces méthodes

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